La première journée...

Aujourd'hui, j'ai le goût de vous parler de la première journée ou encore des premiers contacts avec votre puce. Bien que cette journée soit INOUBLIABLE, elle reste pour moi une des journées où j'ai vécu le plus d'émotions différentes en peu de temps. Je m'explique !

Tout d'abord, ne minimisez pas l'impact du voyage pour se rendre en Chine. J'avoue que nous étions épuisés de notre "run de lait" et que cela nous rendait déjà "boule d'émotions". De plus, autant l'enfant vit un choc en nous voyant, autant nous vivons un choc de notre côté ! Je pensais que j'étais prêt mentalement (ben oui, le psychoéducateur y connaît ça les enfants Hi hi !) mais je pense que rien ne nous prépare à tout ce brouhaha lorsqu'on nous remet l'enfant ! Soyez prêts à accepter l'émotion qui vous traversera à ce moment ! Le grand danger ? Nos attentes et scénarios que l'on s'est fait dans nos têtes...

Le contexte: on arrive au centre des affaires civiles, on nous annonce que les enfants sont arrivés, on monte par ascenseur par mini-groupe, en sortant de l'ascenseur on entend les bébés pleurer, on entre dans la salle et on recherche notre puce et ca commence ! Un couple est annoncé mais je dois sortir les passeports et la Notice of Coming to China (voyons, où est-ce que c'est ?), la caméra vidéo dans l'autre main, deuxième couple ! C'est nous ! Je remets les papiers et je tente de filmer en même temps ! C'est fou et ça continue ! Les autres couples se font remettre leurs enfants. On tente de prendre contact avec Alixane qui nous fait des alternances de "bye-bye" et qui se met à pleurer.

Oups, je dois filmer un couple d'amis qui n'a pas de caméra, on laisse les deux amours et on filme.... Finalement, je suis très loin de mes émotions, je ne ressens pas ce que je m'attendais, suis-je normal ? Est-ce que je suis un extra-terrestre qui s'ignore ? Pourquoi je ne pleure pas ? J'ai tellement attendu ce moment que j'ai de la difficulté à croquer dedans...

En somme, j'étais trop rationnel, trop dans la tâche... Mais je ne regrette rien ! Car ma prise de conscience, mon moment magique, je l'ai vécu au retour dans l'autobus et croyez-moi, je ne l'oublierai jamais, la voir dans les bras de sa maman dormir paisiblement, c'est marqué pour toujours !

Les 72 premières heures sont quelques choses à vivre. Tellement qu'il nous arrivait de se rendre compte au coucher qu'on n'avait pas soupé ! Les bases: nourrir, dormir, changer, rassurer, se promener en poussette dans le corridor de l'hotel (hi hi), amadouer aux Nutrios (autre hi hi !), etc. Pour Nancy, ce fut plus facile que moi. Bien que je ne fut pas rejeté, Alixane fut méfiante jusqu'au 4ème jour avec moi (mais je la nourrissais, je changeais des couches, etc), à partir de ce moment, elle a commencé à me trouver drôle et par la suite, doucement, j'ai pu connecter avec elle. Il ne faut rien brusquer !

Merci aux trois couples "vétérans" adoptants qui nous ont tellement aidé par leurs discussions et partage de vécu. Quand on sait qu'un de ceux-là a pris 1 mois et demi avant que sa fille le laisse entrer dans sa vie, on se rend compte que 4 jours... C'est rapide !

Concernant les couples avec nous, 3 couples sur 11 ont vécu l'acceptation d'un seul parent au tout début. L'autre ne pouvant approcher l'enfant. Graduellement, les choses se sont améliorées. Mais c'est pour cela que j'en parle aujourd'hui, si cela vous arrive, soyez patients et donnez le coup de main "technique" à l'autre parent et attendez vos chances Nutrios, bouffe, etc... Vous gagnerez en y allant doucement...

Voilà pour le partage du jour !